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Si le cours des obligations d’Etat espagnoles
s’effondre ou si les banques décident de déva-
luer leurs bons d’Etat grecs jusqu’à 30 % de
leur valeur nominale, cela crée un problème
pour les banques qui ont ces obligations dans
leur portefeuille d’actifs disponibles à la vente.
La valeur de ces obligations diminue dans la
colonne des actifs du bilan et cette réduction
de valeur doit ensuite être compensée par les
fonds propres de la banque.
Lorsqu’une banque « grignote » ainsi ses fonds
propres, elle doit immédiatement renflouer ce
poste afin de pouvoir satisfaire aux exigences
en matière de fonds propres et rester solvable.
Lorsque la crise financière a fait dégringoler
les marchés des actions, les pouvoirs publics
étaient souvent les seuls capables d’interve-
nir dans le capital (-actions) d’une institution
financière en difficulté et compenser ainsi les
déficits apparus dans les fonds propres en rai-
son de la diminution de la valeur de marché
des actifs.
Mais la valeur de marché est par définition
virtuelle : elle représente un prix que les ac-
teurs du marché souhaitent payer à un mo-
ment donné pour un produit financier mais
ne représente pas nécessairement la valeur
intrinsèque réelle de ce produit.
Le manque de fonds propres n’était toutefois
pas le seul obstacle auquel certaines banques
ont dû faire face pendant la crise. Un grave
problème de liquidités se profilait également
à l’horizon, car une quantité trop importante
d’actifs à long terme avait été refinancée dans
le bilan par des crédits à court terme sur les
marchés financiers. Lorsque les marchés
financiers ont décidé de fermer les vannes,
une série de banques ont amèrement regretté
d’avoir opté pour cet effet de levier.
En ce qui concerne les règles en matière d’exi-
gences de fonds propres des Accords de Bâle
III, les fonds propres d’une banque saine
doivent se situer entre 3 % et 6 % de son total
du bilan. Cela se résume à un effet de levier
fluctuant de 17 à 33. Dès lors que les ban-
quiers centraux au niveau de la Banque des
règlements internationaux de Bâle ont décidé
de renforcer les exigences en matière de fonds
propres des banques, ce capital devrait enre-
gistrer une augmentation non négligeable au
cours des prochaines années, ce qui aura pour
effet de réduire ce levier.
En Belgique, cela s’est déjà produit. Le total
du bilan du secteur financier belge s’est réduit
de près de 30 % au cours des cinq dernières
années. La dépendance vis-à-vis des marchés
financiers a diminué et la durée du finance-
ment a été prolongée. Les besoins de refinan-
cement sont donc moindres et les banques
doivent faire moins souvent appel aux mar-
chés financiers.
Comment une banque
gagne-t-elle son argent ?
En substance, une banque accepte des dépôts
à court terme et les redistribue ensuite sous
forme de crédits à long terme. La situation en
pertes ou profits du compte de résultats est
alors simplement déterminée par la différence
entre le taux des intérêts que la banque impute
à ses emprunteurs et l’intérêt auquel elle ré-
munère ses épargnants.
2.
>
PROSPÉRITÉ