Les risques que les banques prennent sont-ils sociétalement responsables ?

La définition d’un comportement à risque n’est pas toujours facile à établir. Il est évident que chaque institution financière se fixera des objectifs de rentabilité afin d’assurer une prestation de service optimale et de réaliser une croissance durable. Plus ces objectifs en matière de rentabilité seront élevés, plus la banque devra prendre de risques.

Depuis 2008, l’attention s’est de plus en plus focalisée sur une gestion efficace des risques. En première instance parce que la réglementation et le contrôle de la gestion des risques se sont fortement intensifiés. Depuis l’introduction, en 2006, des Accords de Bâle II relatifs aux exigences en capital pour les institutions financières, les autorités de contrôle consacrent une attention toujours plus soutenue au profil de risque, c’est-à-dire au « goût du risque » des institutions de crédit et des organismes de placement. Ces autorités s’efforcent de dresser soigneusement le profil de risque des institutions et de renforcer la qualité de leur gestion des risques.

L’une des deux autorités de contrôle belges, la Banque Nationale de Belgique (BNB), a déjà développé une série d’instruments pour ce faire. Citons dans ce cadre par exemple le Internal Capital Adequacy Assessment Process ou ICAAP qui prévoit que chaque institution doit développer un processus interne d’évaluation du capital et fixer des objectifs en matière de capitaux qui correspondent à son profil de risque et à la qualité de ses contrôles internes. Ces contrôles internes sont exercés par la direction effective des banques ou des entreprises d’investissement. Cette direction doit faire rapport à la BNB sur son évaluation du contrôle interne.

Ces dernières années, les institutions financières ont consenti des investissements considérables afin d’améliorer leur gestion des risques, les contrôles internes et la qualité de leurs reportings.

Le département Risk, qui identifie, évalue et gère les risques, a enregistré une augmentation d’un quart de son effectif (24 %) entre 2008 et 2011. Le nombre de collaborateurs du département Compliance, qui veille au respect de toutes les règles au sein de l’institution, a même augmenté de 70 %. Dans le département Audit, chargé du contrôle a posteriori, l’effectif a en revanche diminué de 15 %. Dans les quatre grandes banques, le nombre total des membres du personnel dans les trois départements visés est passé de 978 en 2008 à 1.178 en 2011, soit une augmentation de 21 %. Ces chiffres indiquent que les institutions ont sciemment choisi de privilégier la voie de la prévention au lieu du contrôle a posteriori et qu’elles ont réalisé des investissements conséquents pour concrétiser cette volonté.

Qu’est-ce qu’un comportement à risque ?

Il n’est pas toujours aisé de définir un comportement à risque : quelle politique peut être considérée comme étant à risque ou ne l’étant pas ? Avant 2007 régnait l’illusion que le risque zéro était possible, par exemple pour des prêts aux pouvoirs publics. Les événements des dernières années nous ont toutefois appris que, par exemple, des placements considérés comme sûrs et sans risque pouvaient également comporter un certain risque.

Avec la crise financière, l’attention des institutions financières s’est encore davantage focalisée sur la qualité de leur gestion des risques, la finalité étant d’éviter que de tels problèmes ne se reproduisent.

Plus de la moitié du secteur (54 % soit 7 des 19 institutions financières interrogées) ne déterminent plus leurs objectifs sur la base du Return on Equity. 38 % (6 des 19 institutions sondées) se fixent un objectif allant jusqu’au-delà de 12 %. Cet objectif est fortement marqué par le caractère international du secteur financier belge. 82 % des institutions ont en effet leur siège social à l’étranger et sont soumises à une pression plus importante des marchés financiers et de leurs actionnaires étrangers, qui les poussent à atteindre un rendement plus élevé. Il est évident que plus les objectifs de rentabilité seront élevés, plus il faudra prendre de risques pour les atteindre.